Bérangère Giraud, créatrice de bijoux et de luminaires, est basée à Bresnay, le petit village de son enfance où elle a installé son atelier-boutique au rez de chaussée de sa maison. Elle nous parle de son métier passion et de sa philosophie de vie
Bérangère Giraud, la passion du métal
Bérangère a 38 ans, a plutôt fait des études classiques, bac scientifique mais dès son enfance, le métal, le travail artistique sur ce matériau envahit sa vie. Petite fille, au lieu de jouer à la poupée, elle fabriquait des guéridons dans l’atelier de métallerie de son grand-père, mécanicien agricole. A l’adolescence, la passion est toujours présente et Bérangère se dirige dans des étude aux Beaux-Arts de Clermont-Ferrand et y reste 3 ans. Elle y apprécie l’ouverture d’esprit qui est présent. Mais, elle a besoin d’intégrer, par la suite un domaine concret et c’est tout logiquement qu’elle se tourne vers l’infographie par une formation courte, très spécialisée d’infographiste multimédia. Parallèlement, elle continue à travailler le métal en fabriquant des bijoux, un besoin de se nourrir de ce loisir.
Après cette formation, Bérangère rentre dans une agence de communication et donne aussi des cours au Pôle Lardy pour des étudiants en DUT sur divers logiciels. Elle travaille pour ses parents qui sont gérants d’un garage de matériels agricoles, elle touchent à tous les postes (de la communication à l’administratif). Mais sa passion, en 2006, est devenue une activité entrepreneuriale, à temps partiel avec le statut de travailleur salarié chez Appuy Créateurs, coopérative d’activités et d’emplois. Elle développe ses collections et doit faire un choix. Elle décide de se consacrer à 100 % à son métier de créatrice à partir de 2014. Mais, Bérangère garde, avec Appuy Créateurs, un pied dans l’accompagnement car deux jours tous les 15 jours, elle aide les entrepreneurs qui rentrent dans la coopérative à lancer leur activité.
Bijoux et luminaires, le métal en fil conducteur
Bérangère, pour les bijoux, crée des collections ou travaille des pièces uniques. Pour ses collections, elle travaille par thème, des éléments très graphiques, différents jeux de couleurs, des textures différentes. Elle aime utiliser des chutes de papier d’un ami relieur d’art. Elle fait ses plaques, les patine, travaille à la flamme du chalumeau. Ensuite, elle les transforme en collier, en boucles d’oreilles, en bracelet, en bague. Tout est fabriqué à la main, elle ne fait aucun assemblage. Les matériaux utilisés sont le laiton, l’argent massif, l’or (pour des pièces de commande). Sa dernière création, un semainier en bagues en argent. Ses clientes adorent le principe, un semainier retravailler différemment et de manière contemporaine. Bérangère travaille aussi sur des commandes pour des mariages (accessoires et parures). Elle a travaillé sur le shooting vidéo mariage en collaboration avec divers autres prestataires d’Appuy Créateurs dont Anaïs Mathinier où vous pourrez retrouver la vidéo en bas de son interview.
Pour les luminaires, le fil conducteur est le métal. Bérangère travaille sur les carcasses, les pieds. Il y a beaucoup de travail sur l’assemblage, le structurel et sur des projets spécifiques pour des aménagements de boutiques, des commandes spécifiques. Le métal utilisé est l’acier. Elle aime détourné des éléments comme de vieilles cartes routière de Michelin pour les mettre en valeur. Pour ses clients, elle travaille sur des cartes spécifiques, qui sont par exemple un lieu de rencontre, un lieu de naissance. L’objet doit avoir un rapport particulier avec la personne qui l’achète ou la personne à qui c’est offert.. Avant d’exécuter un projet Bérangère a besoin de connaître le lieu de vie de la personne, de capter le besoin afin de retranscrire le plus fidèlement possible l’émotion.
Appuy Créateur, la coopérative d’activités et d’emplois
Bérangère a fait le choix du statut de travailleur salarié qui correspond bien à sa philosophie. Et puis, en 2006, il n’y avait pas le statut d’auto-entrepreneur, le choix était donc restreint. Bérangère voulait un statut qui lui permettent au départ de travailler à temps partiel avec peu de charge, c’est donc tout naturellement qu’elle s’est impliquée très vite chez Appuy Créateurs.
D’ailleurs, grâce à la coopérative, elle a pu développer un beau réseau d’entrepreneurs et participer à la mise en place de boutique éphémère de créateurs sur Clermont-Ferrand. La coopérative apportait une crédibilité aux créateurs.
L’atelier-boutique à Bresnay
Bérangère a, depuis le début de son projet d’activité eu l’idée de l’atelier-boutique. Elle voulait montrer aux gens, qui venaient à sa rencontre, son travail sur les métaux, un lieu un peu atypique.à la campagne.
Au départ, en 2006, elle n’ouvre que les week-ends, c’est là où son réseau commence à se créer, où le bouche à oreille fait son oeuvre. La naissance de son fils et l’ouverture de la boutique éphémère à Clermont-Ferrand, font que pendant quelques années, elle diminue l’ouverture de sa boutique.
Mais son besoin de développer son atelier-boutique resurgit en 2012 et Bérangère décide d’ouvrir en semaine. Les clients reviennent, Ils aiment venir consommer au vert des pièces de créateur. Dans l’atelier-boutique de Bérangère, aucun stress, l’effervescence de la ville est loin, ils peuvent prendre leur temps. Ses clients ne viennent pas par hasard, ils ont un projet bien précis, une envie, une commande. Ils ont entre 30 et 70 ans, qui ont fait un choix de vie et de consommation différente. Ils vont se distinguer par rapport à ce qu’ils vont porter, des choses artisanales. Pour eux, c’est un acte militant de pouvoir soutenir des artisans.
Lors de ces week-ends de boutique éphémère à Bresnay où Bérangère invite d’autres créateurs, elle transforme sa boutique pour créer une belle ambiance et accueillir les produits de ses collègues.
Bérangère aime ces différents temps qui jalonne sa vie professionnelle, des moments en solo quand elle travaille le métal, des moments intense lorsqu’elle est chez Appuy Créateurs ou lorsque ses clients viennent la voir lors des événements ou en semaine.
Son meilleur communiquant : elle
Bérangère donne beaucoup de sa personne, elle aime prendre du temps avec les gens, échanger avec eux sur ses créations, comment, elle les a pensé, leur signification.
Elle a aussi une page Facebook pour communiquer sur ses événements, ses créations, Sa page instagram lui permet de montrer son univers de créations, ses inspirations, ses envies. Ses clients sont ses meilleurs prescripteurs mais ils le font de manière spontanée, pas obligatoirement en postant les bijoux qu’ils ont envie de garder pour eux, dans leur cercle intime. Et Bérangère respecte leur choix,
Bérangère a fait le choix de faire son site sous Woocommerce (un plugin de wordpress), après avoir été conseillé par Vincent Riot de « feu » Practic. Deux choix se posaient : Prestashop ou Woocommerce; Mais par rapport à ses connaissances en htlm, ses besoins Woocommerce est la plateforme qui lui convenait le mieux.
Elle crée aussi une newsletter environ tous les deux mois pour annoncer les événements, les nouvelles collections, etc.
En communication print, elle utilise les flyers pour ses événements.
Mais pour communiquer, il faut de belles photos, les mettre en scène et c’est son mari qui s’y colle le plus souvent. Deux-trois amies lui servent de mannequins pour mettre en lumière les bijoux.
Une âme d’entrepreneuse
« Oui, c’est comme si c’était une évidence, j’ai baigné dedans, c’est innée, mais c’est un acquis, j’ai toujours vécu dans ce milieu, je me sens dans mon élément. Je ne me pose pas la question, ça me parait évident, j’ai la culture de l’entrepreneur, c’est hyper logique. »
Ses projets pour les prochains mois
« J’ai beaucoup de commande, l’événement de printemps avec son organisation et ce qui en découle. Je vais monter faire une formation sur Baccarat, un stage de ciselure,au mois de septembre. Ils m’ont aussi convié pour les journée du patrimoine.
J’ai aussi en projet de déménager l’atelier dans un hangar entre juillet et août, pour laisser de la place à la boutique. »
Ses conseils pour les entrepreneurs
« Il faut bien poser son projet et de faire les + et les – des projets et de voir la réalité dès le départ, de voir qu’est ce que cela veut dire comme contraintes, qu’est-ce que cela veut dire comme investissement, de ne pas se voiler la face. Certains entrepreneurs projettent ou imaginent d’arriver à tel point d’ici 6 mois et du coup, on sait très bien pertinemment que ce point là, ils n’y arriveront pas en 6 mois mais ils mettront 2 ans.
Mais du coup, pour côtoyer beaucoup de créateurs d’entreprise, c’est très long, c’est hyper dur, c’est difficile. Qu’est-ce que ça va mettre en jeu dans aussi son équilibre de vie ? Comment il va s’organiser autour ça ? C’est hyper complexe parce que quelque part, ça donne des souplesses à des moments, parce que je peux emmener mon fils le matin à l’école, le récupérer, mais à part ses 10 mn pour aller le chercher, le travail doit se faire, et les gens pensent qu’ils vont pouvoir concilier les deux comme si ça allait donner des avantages des deux côtés.
Mais non, ça donne un rythme de vie très compliqué, aussi, et il faut vraiment, que le projet soit très bien accepté par l’entourage, sinon, c’est mort. Enfin, pour moi, c’est vraiment un constat, il faut que ce soir un projet de vie au-delà d’un projet professionnel, un projet de famille au sens large, si la personne, elle a des enfants, des conjoints et que ça soit gérable, sinon, non ! »
Le mot de la fin
« En ce moment, le truc qui ressort quand même pas mal c’est qu’il y a une vraie prise de conscience, la société change, elle évolue, et que les gens ont vraiment compris que la manière qu’ils consommaient était une force, un pouvoir, qui est beaucoup plus important en terme d’acte que n’importe quel engagement. Et ça moi je le ressens à 300 % depuis, on va dire 2 ans. C’est fou parce qu’ils ont envie de soutenir des projets, des démarches, qui pense être une société meilleure, plus juste et du coup, quelque part qu’il savent où ils vont contribuer à de l’économie. Du coup, c’est très réel, ils ont des vraies personnes en face, et je pense que ça bouge réellement. »
Merci à Bérangère Giraud de m’avoir consacrée une bonne partie de son après-midi . C’était un très échange et ça nous fait découvrir une autre manière de voir l’artisanat.
Vous pouvez retrouver Bérangère et 6 de ses collègues du 24 mai au 5 juin dans sa boutique, vous pourrez y découvrir leurs créations et participer à des animations de créations.