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J’ai eu connaissance de l’activité d’Aurèle lors d’une mission à la Foire de Moulins, elle tenait un atelier pour créer une jupe pin up sur plusieurs jours avec des participantes. Par l’intermédiaire du compte Facebook de la Foire, j’ai pu découvrir ses créations, son atelier boutique salon de thé et son activité m’a plu. J’ai attendu un  peu avant de la contacter et je me suis lancée !

Aurèle, un parcours atypique

Aurèle a 42 ans, et s’est d’abord formée à la gestion d’entreprise avec un DESS de marketing opérationnel. Son alternance chez EDF, pendant sa dernière année de formation lui ouvre les portes de l’entreprise pour un CDI. En 2004, manager, elle est mutée avec l’ouverture des marchés et là, un jeune employé lui dit « je veux être cadre ! ». Aurèle, qui a de la réparti lui répond « je veux un poney ! ». Pour elle, cadre, ça ne veut rien dire, encadrer une équipe, être manager, faire les évoluer les gens, ça, ça a du sens. C’est là que commence sa réflexion sur ce qu’elle a vraiment envie de faire. De 2007 à 2010, elle fait une formation par un BEP puis par un bac pro des métiers d’art. Ces trois ans avec de très jeunes femmes (elles avaient 15 ans au départ) a été très ressourçant pour Aurèle. Elles ont vécu ensemble les premières fois et Aurèle est toujours en contacts avec ses « collègues ». En 2012, elle s’amuse à créer des accessoires de tête pour ses 3 filles et sa coiffeuse lui fait remarquer que plusieurs de ses clientes lui demandent qui les créer. Aurèle décider de créer sa marque « Et devant nous le monde » là où elle habite à Verneuil (après un coup de coeur pour le village pendant l’événement « les épouvantails »). Elle commence à travailler chez elle, dans un atelier de 35 m2 et les mettait en vente dans des magasins de Moulins.

3 chouettes sur un fil, le rêve qui devient réalité

En juillet 2015 après avoir visité une vieille maison de Verneuil en Bourbonnais, elle tombe raide dingue du lieu par sa surface, sa configuration. Elle l’achète et en 6 mois, avec son mari, elle la rénove pour y installer un côté boutique, un côté salon de thé et ses ateliers à l’étage. Elle passe du statut d’auto-entrepreneuse au statut de société commerciale en SAS.

Le nom Trois Chouettes sur un fil® lui ait venu après un bref brainstorming avec elle-même, le chiffre 3 s’est imposé (nous qu’il revient souvent dans le parcours d’Aurèle), et le fil représente le lien social, le fil conducteur, le fil rouge, garder pure le fruit de ses pensées. La transmission est le moteur qui guide Aurèle.

La marque Et devant nous le monde…® a deux collection Et devant nous le monde…®  et les Coquettes®. La première est une collection destinée aux enfants et aux mamans, ce sont des accessoires qu’on peut personnaliser appelé Impressionn’ette® , avec un système de clip et ça se superpose. Ca peut se mettre sur des barrettes, sur une montre, le but étant la complicité entre la mère et la fille. Le concept a été déposé à l’INPI. Pour « les coquettes », c’est le même système mais avec des aimants. Les deux collections ont vocation à vivre seules. Aurèle trouve l’inspiration sous la douche

Trois chouettes sur un fil, c’est aussi un lieu de transmission d’un savoir, avec des cours de couture mais dans le plaisir. L’objectif d’Aurèle est de permettre à ce que personne ne pense qu’elle est nulle. Par son métier de maître-tailleur, elle veut apprendre à ses clientes les vraies techniques dans un esprit de bienveillance et de partage. Les phrases négatives n’ont pas droit de cité aux Trois chouettes. On peut venir accompagné avec une amie, avec son enfant pour faire un objet unique, soit on vient pour apprendre les techniques de couture et devenir autonome, soit on vient pour fabriquer un objet pour soi ou pour offrir en cadeau. Les cours peuvent être en individuel ou en collectif. Il n’y a pas de groupe d’âge, ce qui prime, c’est l’entraide entre tous. Depuis 5 ans, les apprenties couturières (mais il y a aussi des hommes) sont fidèles à ses ateliers. Une sortie au Musée du costume, à Moulins est prévue pour les enfants.

Aurèle souhaite que les gens viennent au Trois chouettes sur un fil dans un esprit de curiosité et découvrir son univers (et non dans un esprit de consommation comme dans les villes).
Dans la boutique, on ne trouve pas que des créations d’Aurèle mais aussi d’autres créateurs qu’elle a découvert au fil des années dans différents salons. Elle ne se focalise pas sur le « made in France » mais sur la créativité des créateurs et leur univers.

Concernant les créations couture, Les clients choisissent leur modèle et il y a 3 possibilités :
  • Soit, le client l’achète tout fait
  • Soit le client l’achète en kit et le monte lui-même
  • Soit le client vient le faire en atelier de A à Z
Aurèle va aussi sur les marchés, dans les écoles auprès des enfants pour faire découvrir son métier et participe aux journées européennes des métiers d’art. L’occasion de rappeler que le travail d’un artisan n’est pas forcément plus cher que d’acheter un objet créé industriellement en grande quantité.

Actuellement, 3 chouettes sur un fil accueille une stagiaire, une jeune femme en reconversion professionnelle et deux jeunes hommes qui ont la passion de la couture (ben oui, ce n’est pas réservé qu’aux femmes !!).

 

Trois chouettes sur un fil, la communication respectueuse

Aurèle possède plusieurs réseaux sociaux :
  • Un profil professionnel et une page Facebook
  • Un compte Pinterest
  • Un compte Instagram
Elle a une posture très forte avec ses clients et recherche surtout la fidélisation, elle aime suivre les gens et pouvoir échanger avec eux, sans être intrusive. Pinterest l’intéresse par son côté « vitrine », Instagram étant plus « zapping ».
Trois chouettes sur un fil a un site vitrine sur jimdo mais dernièrement, pour la Fête des Mères, une boutique éphémère avait été ouverte pour ses clientes habitant loin. Et  le concept avait bien fonctionné. Elle a aussi une partie blog pour donner des conseils couture.

Bien sûr, les flyers ont une part aussi importante dans sa communication ainsi que le bouche à oreille.

Une âme d’entrepreneuse ?

« De fait oui, maintenant, au départ pas évident, la partie créative, il faut déjà faire le pas que ce qu’on crée ça peut se vendre et des gens peuvent l’acheter. C’était dur de se vendre, plus facile de parler des autres, j’avais rêvé d’être attaché de presse, j’aurais adoré. Parler de soi, c’est dur, ça vient petit à petit, en fait on entreprend on ne se pose pas trop de question. J’aime tout faire, je suis très curieuse, compta, gestion, j’ai eu une formation très large, aller au devant des gens , j’adore ! »

 

Des projets en 2017

« Je veux devenir organisme de formation, et je  privilégie mon dossier, on devient école de couture, avec des élèves à temps complet, on les forme sur un an, c’est un vrai diplôme avec un titre professionnel de fabricant de vêtements sur mesure. J’ai  3 ateliers, un atelier 35 m2, une  petite pièce, de 20 m2, en tout la masion fait 150 m2 et j’ai un dernier volume au deuxième étage. Le titre professionnel de fabricant de vêtements sur mesure, c’est comme maître tailleur, on travaille pour une personne, ça se différencie de la petite série. Je veux accueillir 4 personnes maximum, même 2. Elles pourront se faire financer leur formation. En France,  la démarche entrepreneuriale n’est pas très aidée, les délais sont longs, il n’y a pas d’information globale au départ. L’entrepreneuriat, en France c’est compliqué. »

Des conseils pour de futurs créateurs d’entreprises ?

« Il faut bien ficelé son business plan, bien faire son analyse de marché. S’Iil y a un besoin, comment je peux le développer, faire une analyse complète, bien choisir son emplacement commercial. S’il y a des gens capables d’acheter son produit, commencer petit, la prise de risque sera moindre. Mes créations, c’est mes enfants,  et si quelqu’un vient me critiquer, c’est très dur. Il faut avoir un entourage qui soit soutenant, beaucoup de temps, beaucoup d’énergie, il ne faut pas se mettre en échec à cause de environnement,. Et surtout, créer un fichier client, c’est la richesse de l’entreprise. »


Le mot de la fin

« Une chose pour lequel j’aime faire mon métier, c’est de rencontrer des gens,  donc là je ne t’aurais pas rencontrée. Il y a plein de gens qui font des choses formidables, finalement, attaché de presse, c’est un peu ce que tu fais, tu valorises les gens, à travers tes écrits, et ça, ça n’a pas de prix,. On le fait avec le cœur si on ne fait pas ça, et c’est là la difficulté, c’est de se faire rémunérer pour quelque chose qu’on fait avec le cœur, mais moi je suis atypique, je suis prête à payer pour une pub à quelqu’un de sympa, qui fait vraiment avec le cœur, qui va se bouger. J’ai toujours fonctionné comme ça, 100% sur l’affect, je crois que finalement mon modèle il fonctionne, la preuve, c’est que les gens reviennent. On ne joue pas un rôle, on est authentique, je ne suis pas du tout public relation, serrer les mains pour juste me faire voir, je sais pas faire, après on est déçu avec le temps.
 
L’objectif est de faire vivre ce lieu, je me suis toujours tournée vers les autres mais actuellement je me recentre quand même sur mon métier de couture, ça m’apporte du bien être c’est ce que je sais le mieux faire, je me dis chacun doit développer son truc. Moi je suis là, je donne un petit coup de main, c’est des gens qui sont autonomes, ils savent saisir l’opportunité. Je prend les choses comme elles viennent. »

Merci à Aurèle pour sa disponibilité (pas facile quand on tient ce genre de lieu), J’ai passé un très agréable après-midi autour d’un thé, j’ai pu me rendre compte de sa disponibilité envers sa stagiaire, envers ses clients. C’est vraiment un lieu que je vous recommande pour passer un bon moment de partage et de découvertes.