J’ai découvert Street Art City il y a plus d’un an. À l’époque, j’avais entendu parler de leurs jeudis dédiés aux entrepreneurs, un concept qui m’avait tout de suite intéressé. Malheureusement, je n’avais pas réussi à m’y rendre, car c’est à 1h10 de chez moi. Puis, lors de la Foire de Clermont-Cournon, j’ai eu la chance de rencontrer le fondateur de Street Art City, Gilles Iniesta. Après une discussion fascinante autour d’un éventuel entretien, nous avons pris un rendez-vous. C’était une belle opportunité que j’attendais avec impatience !
Street Art City se situe à Lurcy Lévis. En 2003, Gilles Iniesta et sa femme se sont retrouvés face à une offre de France Télécom concernant un ensemble de propriétés, incluant un ancien centre de formation sur 10 hectares, comprenant 7000 m² de bâtiments.
Ils ont décidé d’acheter ce lot. Ces lieux, laissés à l’abandon depuis 1992, nécessitaient une réhabilitation. Dans un premier temps, le couple a concentré ses efforts sur la restauration d’une des propriétés.
En juillet 2015, lors d’une promenade avec son chien, Sylvie a eu une idée. Elle a aperçu le mot graffiti et des murs colorés. De retour chez elle, elle a commencé des recherches en ligne, s’immergeant dans le monde du graffiti et de l’art urbain. Ce type d’art, éphémère par nature, les a captivés, surtout en réalisant que d’autres projets dans le monde étaient condamnés à disparaître. Ils ont alors décidé de ne pas démolir leurs bâtiments mais de créer une résidence pour artistes de ce mouvement artistique. Cette initiative a été pensée comme la première et unique au monde !
Avant de démarrer le projet, Gilles et Sylvie ont contacté des artistes locaux, formant un collectif de cinq d’entre eux qui sont venus sur place pour discuter et réaliser une première œuvre, afin d’obtenir un aperçu des possibilités. Tous ont été ravis du résultat, et les photos publiées sur les réseaux sociaux ont suscité de nombreuses demandes d’autres artistes, dès la fin de l’année 2015.
Depuis, 240 artistes de tous horizons ont fréquenté le site, et 900 autres sont sur liste d’attente. Ils viennent de partout dans le monde : Australie, États-Unis, Canada, Japon, Pérou, Chili, Mexique, Allemagne, et plus encore. En général, ces artistes séjournent entre une semaine et un mois, selon le mur choisi, la technique et la complexité de l’œuvre. Ils bénéficient de tout le nécessaire : alimentation, hébergement et matériel (bombes de peinture, peinture liquide, nacelles pour les œuvres plus vastes). Gilles Iniesta explique : « L’artiste arrive avec ses vêtements et son talent et est placé dans un environnement propice à la création, où il ne doit se concentrer que sur son art. »
Les artistes sont sélectionnés sur la base de leurs portfolios. Le processus de sélection privilégie les visuels, dans le but d’offrir au public un large éventail de techniques et de styles, incluant graffiti, muralisme, photoréalisme, pochoir, collage, sticker et affiche. Street Art City se positionne comme un tremplin pour ces créateurs, afin de les mettre en valeur et les aider à envisager une carrière artistique viable.
L’équipe de Street Art City compte dix employés, dédiés à la gestion du site, de l’accueil des artistes et du public, ouverte du 30 mars au 4 novembre.
Gilles Iniesta affirment : « Nous n’avons pas créé cette activité en attendant des subventions, mais en croyant en un projet solide. Lorsque son succès est avéré et que les élus constatent l’afflux de visiteurs, cela motive une réactivité. En effet, des hôtels ont rapporté une augmentation de 40 % de leur fréquentation, grâce à Street Art City. La ville de Lurcy Lévis en bénéficie également. Par ailleurs, un bar PMU a même rouvert une cuisine pour proposer de la restauration, embauchée un cuisinier. »
L’originalité de Street Art City réside dans son cadre rural, au cœur du Bourbonnais. C’est presque une micro-ville, entourée de paysages verdoyants avec des vaches et des moutons.
Sur les 22 500 m² de murs disponibles, 15 000 m² sont déjà recouverts. Un des bâtiments abrite 128 chambres, correspondant au projet « Hôtel 128 », chaque chambre accueillant l’œuvre d’un artiste. Actuellement, 94 pièces sont accessibles, dont 51 ont été créées en 2017, et 43 en 2018. Un total de 32 œuvres est encore à réaliser en 2019. À partir de septembre 2019, 128 chambres ouvriront au public. En 2021, les œuvres seront peu à peu effacées pour laisser la place à de nouveaux artistes.
Plusieurs espaces intérieurs sont réservés à des expositions solo, tandis que l’Artshop Gallery expose les œuvres créées durant la résidence. Toutes les pièces présentées sont mises en vente.
Il existe également un espace street food pour se restaurer, permettant de commencer la visite dès 11h, faire une pause déjeuner, puis continuer l’après-midi. Les portes se ferment à 19h.
Street Art City maintient une communication active à travers un site internet mis à jour quotidiennement, une page Facebook et un compte Instagram. Cependant, la visibilité majeure provient des reportages télévisés (TF1, France 2, France 3, M6, etc.) et des nombreux articles de presse, tant généralistes que spécialisés (La Montagne, La Semaine de l’Allier, Télérama, Arts Magazine, etc.). Ces reportages ont largement contribué à faire connaître l’Allier et Lurcy Lévis à l’international. Un tournage est également en cours pour une série télévisée.
Street Art City collabore aussi avec des entreprises, des municipalités, et des particuliers souhaitant réaliser des fresques murales, preuve de leur implication dans le monde artistique. Récemment, ZESO a créé une œuvre d’art sur une remorque frigorifique, qui ne passera pas inaperçue.
Pour 2019, les objectifs consistent à finaliser le premier cycle de l’Hôtel 128 tout en renforçant la présence à l’extérieur, notamment en présentant Street Art City dans de grandes métropoles à l’étranger, afin de poursuivre l’excellence artistique. Chaque année, la compétitivité parmi les artistes en visite croît.
En ce qui concerne les conseils pour les futurs entrepreneurs, Gilles suggère simplement de se lancer sans attendre d’aide institutionnelle. La réussite ne doit pas dépendre de l’argent, mais de la passion pour un métier, car celle-ci amène le succès.
Pour conclure, Street Art City est une aventure en constante évolution. Les Iniesta se dévouent pour faire de ce lieu un espace de créativité accueillant pour les artistes.
Si je devais vous donner un conseil, ce serait de visiter ce site unique qui ne devrait pas être réservé uniquement aux visiteurs extérieurs. Il est temps que les locaux découvrent ce qui fait le rayonnement du département de l’Allier. Ne tardez pas, le site fermera le 4 novembre pour rouvrir le 30 mars 2019.
- Street Art City : Un incontournable du Street Art dans l’Allier - 26 janvier 2025
- Sophie Esthetik : Votre Bien-Être à Domicile - 26 janvier 2025
- Scarlett Odorico, la Webdesigneuse Inspirante ! - 26 janvier 2025