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Ce mardi, j’avais rendez-vous avec Pedro Kamata, propriétaire et gérant de l’Inter-Mitemps (jeu de mots avec son ancien métier de footballeur professionnel) dans son café théâtre situé au centre-ville de Moulins. Le cadre est chaleureux, très cosy dans un style baroque cosmopolite, chiné sur le Bon Coin, à Emmaüs ou autres lieux de vente de meubles d’occasion (voir les photos).

Ce lieu chargé d’histoires, ancien « Les Murs ont des oreilles » où se côtoyaient de nombreux groupes, où des bœufs furent organisés, avait une très bonne réputation. Puis, par la suite, il fut racheté pour devenir « La Chtite Mine », avec une certaine continuité dans la programmation. Cependant, il n’eut pas le même succès, la justice dû le saisir et il ferma en février 2011.

Pedro Kamata, s’était inquiété très tôt, à l’âge de 28/29 ans, de sa reconversion professionnelle. Plusieurs projets s’offraient à lui : continuer dans le football pour devenir entraîneur ou bien reprendre un bar. Des amis lui avaient dit que « La Chtite Mine » était disponible et il fit les démarches auprès de la justice pour avoir l’autorisation d’acheter les murs. Parallèlement, il avait passé ses examens d’entraîneur. Coïncidence, le jour où il apprit qu’il avait échoué à ses examens, il eut l’autorisation de racheter les murs. Son projet pouvait voir le jour.

Au départ, dans l’idée d’ouvrir un simple bar, il eut le déclic le jour où il reçut les clés (après 1 an et demi de démarches) d’en faire un café théâtre (qui pouvait aussi accueillir des concerts), lieu plus consensuel, public différent. La surface importante, la configuration des lieux, tout s’y prêtait. Après 2 ans de travaux (rénovation des locaux, décoration, insonorisation fait par ses soins), l’Inter-Mitemps a ouvert ses portes le 13 juillet 2016 par un concert du groupe Kï’Kya.

Une seule phrase sur la page Facebook du café théâtre et la salle fut vite remplie. L’ouverture fut un peu chaotique, organisation mal maîtrisée, fond de caisse pas assez important, mais ce fut un succès. Le public était nombreux à se déplacer pour le groupe, par curiosité. Ce fut une énorme vague, un tsunami. Mais les gens étaient joyeux, ce lieu représentait beaucoup pour eux. Et ce qui était important pour Pedro, c’est cette ambiance festive, que les gens repartent avec un bon souvenir de leur soirée. D’ailleurs beaucoup l’ont remercié de ce très bon moment.

Mais si l’ouverture s’était bien passée , tout n’est pas tout rose dans la gestion d’un lieu tel que celui-ci. Au niveau financier, pas de subventions culturelles et il dû simplement s’appuyer sur ses économies. Mais c’est un mal pour un bien car il est libre de programmer ce qu’il veut, il a une totale liberté. Il ne met aucune barrière sur le style de musique pour qu’il y ait un maximum d’offres pour tous les publics. Ça peut aller du folk au rock metal, en passant par la chanson française. L’offre théâtrale ou poétique du jeudi permet aussi d’accueillir un public différent, un public de personnes âgées, qui peut se déplacer en semaine.

Pour capter le projet de « l’Inter-Mitemps », il faut venir sur un mois d’affilé, des personnes différentes, quelques fidèles. Chaque soir, c’est une expérience différente à vivre. L’entrée étant gratuite, il est possible d’assister à toutes les soirées. Seules les consommations sont payantes.

Toutes les informations sont visibles sur la page Facebook et sur le site internet. Des flyers sont distribués autour de Moulins.

La programmation 

Pour la programmation, il a d’abord contacté des groupes locaux puis par la suite, c’est le bouche à oreille qui a fonctionné, des groupes qui ont relayé sur leur page Facebook les informations. Pedro reçoit 3 mails par jour de groupes pour être programmé à l’Inter-Mitemps. Actuellement, la programmation est bloquée jusqu’en juillet mais il s’est laissé des trous pour des coups de cœur. Il apprécie les beaux textes, les belles images..

En ce qui concerne la programmation théâtrale, il commence à avoir un petit réseau, Il privilégiera le théâtre aux concerts s’il a besoin de dates pour les troupes théâtrales qui se feront connaître à lui.

Pedro n’ouvre que 3 jours par semaine (jeudi, vendredi et samedi) mais ce n’est pas pour ça qu’il n’est pas très occupé, la gestion, la communication, l’organisation des soirées, la tenue du lieu lui prend énormément de temps.

Quand les gens se déplacent à l’Inter-Mitemps, il veut que ça soit une expérience, un moment mémorable pour eux.

Il est ouvert aux propositions des jeunes : s’ils veulent venir un samedi soir pour se produire, même que 40 minutes, Pedro leur donnera accès à la scène.

Les concerts sont d’une durée d’une heure, une heure et quart afin de privilégier une certaines qualité, que ça ne soit pas simplement des titres qui s’enchaînent mais que ça donne lieu à un spectacle.

Une âme d’entrepreneur ?

A cette question Pedro répond : « Je suis un mauvais entrepreneur ». « Je suis à 200 sur l’autoroute sans ceinture. Je fais les choses selon mon envie, au le jour le jour ». Pour lui, l’aventure débute, le jour où on commence à réfléchir à son projet

Les objectifs 2017

Il prévoit de belles choses pour 2017, de  belles rencontres, pas d’objectif précis mais il est en réflexion sur un autre projet : une web radio. Beaucoup de groupes passent entre les mailles du filet, les groupes laissant leur projet, il les diffuseraient sur sa web radio avec une playlist de groupes locaux. inviter des gens, leurs poser des questions sérieuses, décalées.

S’il avait un ou des conseils pour de futurs créateurs d’entreprise 

« Ne pas s’associer, faire sans c’est mieux. » Si Pedro avait pris un associé, ça aurait été différent, moins libre. Plus le nombre d’associés est grand, plus s’est compliqué. Il faut  surtout bien capter qu’on peut faire beaucoup de choses seul. On peut les faire différemment, peut être que ça sera moins beau, moins bien mais fait par soi, on aura eu le plaisir de le faire soi-même, Il faut aussi prendre son mal en patience, y croire jusqu’au bout.. « Je l’ai fait pour moi, pas pour les autres ». Il a des regrets, des choses qu’il aurait pu faire différemment, Il faut suivre ses goûts, il faut mettre sa patte personnelle.

Le mot de la fin 

 » C’était une belle interview, ça change, sans vouloir jeter la pierre à ceux qui m’ont interviewé, ça fait du bien d’avoir des questions pas simplement sur « ça marche ? »… mais comment se sont passés humainement les concerts (exemple de la Milca). J’en suis à plus d’une quarantaine d’événements depuis 6 mois, les gens reviennent avec des questions alors qu’il y aurait eu plein de questions à me poser sur la Milca. »
« Derrière ce projet, il y a une démarche, même autour du projet, j’ai fait comme le « Da vinci code » les gens ne voient pas forcément, le lieu est  plein de références, il y a une partie photo, « le club des 27″, ceux qui sont morts à 27 ans (Kurt Kobain, Amy winehouse, Jimmy Hendrix, etc. ».
Si j’arrive à faire encore un an et demi, je serai pleinement satisfait, si je fais la web radio, je serai content. »

Merci à Pedro Kamata, c’est une belle rencontre pour moi, dans un lieu chargé d’histoires où il a su mettre sa touche personnelle et lui donner une seconde vie. Je lui souhaite de poursuivre ses rêves !!

PS : Il a eu un gros coup de cœur pour le groupe « Comme John«  qu’il a programmé le 17 février, alors soyez au rendez-vous !!!